La traducción, abajo.
Désormais l'affaire du faux SMS est close; mon mari vient de retirer sa plainte contre Le Nouvel Observateur après réception de la lettre d'excuses qu'Airy Routier m'a adressée. Qu'on me permette néanmoins quelques observations.
Le texte de la charte signée en avril 2004 entre Claude Perdriel, PDG du Nouvel Observateur, et les représentants de la Société des rédacteurs prévoit que "l'objectif des articles est de présenter les faits aux lecteurs avec la plus grande rigueur et la plus grande honnêteté. Toute information doit être recoupée et vérifiée. La rumeur doit être bannie, la citation anonyme évitée et la source indiquée aussi précisément que possible", et il ajoute : "L'usage du conditionnel de précaution est proscrit sauf exception visée par la direction de la rédaction. Ne sont publiées que des informations dont l'origine est connue. La vie privée des personnes est respectée."
Or tous ces principes ont été bafoués par Airy Routier, pourtant signataire de cette charte, dans l'article qu'il a commis sur le site du Nouvel Obs à propos du SMS présumé que le président aurait adressé à son ex-épouse juste avant notre propre mariage. Voici ce qu'écrivait Airy Routier : "Huit jours avant son mariage, le président de la République a adressé un SMS à son ex-épouse, en forme d'ultimatum : Si tu reviens, lui a-t-il écrit, j'annule tout. Il n'a pas eu de réponse." Qu'on ne s'y trompe pas : l'enjeu, dans cette affaire, n'est pas le respect de la vie privée. Je peux concevoir, puisque l'époque le réclame, que, comme dit Airy Routier, "la vie privée d'un président, élu par les Français, qui a tous les pouvoirs, notamment celui du feu nucléaire, ne relève pas du même ordre que celle d'un quidam". Pourquoi pas ? Le débat est ouvert et le problème n'est pas là.
Le problème n'est pas non plus l'existence elle-même du SMS en question, car si le SMS avait existé, si la rumeur avait été avérée, c'eût été par hasard, au terme d'une vague indiscrétion, d'un "quelqu'un m'a dit", et non d'une investigation rigoureuse… Voilà bien le problème : quand on est indiscret, il faut être sûr de ce qu'on raconte. Ce qui est malhonnête et inquiétant dans cet épisode, c'est qu'à aucun moment l'"information" n'a été vérifiée, recoupée, validée. De son propre aveu, Airy Routier n'avait pas vu (et pour cause !) le SMS, qu'il a pourtant présenté comme un fait.
LES RAGOTS ET LES FAITS
Je n'ai aucune leçon de déontologie à donner à qui que ce soit, mais il me semble que quand un "journaliste", aux dépens de l'honnêteté qu'il doit à ses lecteurs, sanctifie la rumeur et prend ses désirs pour des réalités, il ne doit pas invoquer des "sources en béton". En vérité, Airy Routier n'imaginait pas que mon mari porterait plainte contre le site du magazine et, devançant l'impunité, il s'est senti libre d'écrire ce qui lui passait par la tête ou par l'oreille.
"De toute façon, dit Routier, la violence et l'énormité de la réaction du pouvoir montrent bien que Nicolas Sarkozy a cherché un prétexte pour, à travers Le Nouvel Observateur, intimider tous les journalistes." Mensonge, sottise et mauvaise foi : en attaquant le site du Nouvel Observateur pour "faux et usage de faux", mon mari ne s'en prend pas à la liberté de la presse (qu'il a toujours ardemment défendue : qu'on se souvienne, pour cela, de l'affaire des caricatures du Prophète dans Charlie Hebdo), mais au droit de dire et d'écrire n'importe quoi. De ce point de vue, loin de se conduire en despote, c'est la liberté de chacun qu'il protège.
Car si, désormais, la rumeur sert d'information, si les fantasmes servent de scoops, où allons-nous ? Si les grands journaux cessent de faire le tri entre les ragots et les faits, qui le fera ? Si, tel le pire des magazines trash, Le Nouvel Observateur, trahissant sa charte, sa vocation et même son nom, n'observe plus mais invente ce qu'il raconte, quel rempart nous reste-t-il contre l'hystérie de l'époque ? Est-ce l'avenir des contre-pouvoirs que de cracher en l'air avant d'être rappelés à l'exigence élémentaire de probité ? La liberté exige d'avoir le sens des responsabilités, tout comme la transparence exige l'honnêteté, sans quoi, comme le dit Gad Elmaleh (dans La vérité si je mens) : "C'est la porte ouverte à toutes les fenêtres" ! Relisez Beaumarchais : "La calomnie, Monsieur ? Vous ne savez guère ce que vous dédaignez; j'ai vu les plus honnêtes gens près d'en être accablés… elle s'élance, étend son vol, tourbillonne, enveloppe, arrache, entraîne, éclate et tonne, et devient, grâce au Ciel, un cri général, un crescendo public, un chorus universel de haine et de proscription. Qui diable y résisterait ?" Réponse : les journalistes. Les vrais.
¡Alto a la calumnia!
Ya se ha cerrado el caso del falso SMS; mi marido acaba de retirar su querella contra Le Nouvel Observateur después de la carta de excusas que me dirigió Airy Routier. Lo cual, sin embargo, no me impide hacer ciertas observaciones.
El texto de la declaración firmada en abril de 2004 por Claude Perdriel, Presidente-Director General de LNO, y los representantes del Consejo de Redacción prevé que “el objetivo de los artículos es el de presentar los hechos a los lectores con el mayor rigor y la mayor honradez. Toda información debe ser revisada y verificada. El rumor debe ser prohibido, la cita anónima evitada y la fuente señalada con tanta precisión como sea posible”, y añade: “El uso del condicional de cautela queda excluido, salvo excepciones admitidas por la jefatura de la redacción. No se publicarán más que noticias cuyo origen sea conocido. Se respetará la vida privada de las personas”.
Pues bien, todos estos principios han sido violados por Airy Routier, a pesar de ser firmante de esta declaración, en el artículo que redactó en la web de LNO acerca del supuesto SMS que el presidente habría enviado a su ex esposa justo antes de nuestro matrimonio. He aquí lo que escribía Airy Routier: “ocho horas antes de su boda, el presidente de la República dirigió un SMS a su ex esposa en forma de ultimátum: ‘si vuelves’, le escribió, ‘lo anulo todo’. No obtuvo respuesta”. Que nadie se engañe: lo que está en juego en este caso no es el respeto a la vida privada. Yo puedo admitir, puesto que la época lo reclama, que, como dice Airy Routier, “la vida privada de un presidente elegido por los franceses y que tiene todos los poderes, incluido especialmente el del armamento nuclear, no está en un orden superior a la de un ciudadano corriente”. ¿Por qué no? El debate está abierto y ése no es el problema.
El problema es no ya la misma existencia del SMS en cuestión, sino de, en el caso de que el SMS hubiera existido, si se habría comprobado el rumor, ya fuera por azar o en términos de una vaga indiscreción, de un alguien me ha contado y no de una investigación rigurosa… Ése es el problema: cuando se es indiscreto, es preciso estar seguro de lo que se cuenta. Lo que es deshonesto e inquietante de este episodio es que en un momento dado la información no se verificó, ni revisó ni validó. Según propia confesión, Airy Routier no había visto (¡y con razón!) el SMS que sin embargo presentó como un hecho.
Los rumores y los hechos
Yo no tengo ninguna lección de deontología que dictar a quien quiera que sea, pero me parece que cuando un periodista, a expensas de la honradez que debe a sus lectores, santifica el rumor y toma sus deseos por realidades, no debe invocar las “fuentes confidenciales”. En realidad, Airy Routier no imaginaba que mi marido se plantase frente a la web de la revista y, suponiendo su impunidad, se sintió libre de escribir lo que le pasaba por la cabeza o por los oídos.
“De todas formas”, dice Routier, “la violencia y la enormidad de la reacción del poder muestran a las claras que Nicolas Sarkozy buscó un pretexto para, a través de LNO, intimidar a todos los periodistas”. Mentira, estupidez y mala fe: al atacar a la web de LNO por “falsedad y uso de falsedad” mi marido no se opone a la libertad de prensa (que ha defendido siempre con ardor: recuérdese, por ejemplo, el caso de las caricaturas del Profeta en Charlie Hebdo), sino al derecho a decir o escribir no importa qué. Desde este punto de vista, lejos de comportarse como un déspota, protege la libertad de todos.
Si, en fin, la información se engasta de rumores, si los fantasmas sirven como primicias, ¿adónde nos dirigimos? Si los grandes periódicos dejan de poner orden entre los bulos y los hechos, ¿quién lo va a hacer? Si, como lo peor de la prensa basura, LNO, traicionando su declaración, su vocación y aun su nombre, no observa sino que inventa lo que cuenta, ¿qué barrera nos queda contra la histeria de la época? ¿Acaso el porvenir de los contrapoderes no es otro que el de escupir al aire antes de someterse a la exigencia elemental de probidad? La libertad exige tener sentido de la responsabilidad, del mismo modo en que la transparencia exige honradez, sin la cual, como dice Gad Elmaleh (en La verdad si miento): “es la puerta abierta a todas las ventanas”. Relean a Beaumarchais: “¿la calumnia, señor? Vos no sabéis gran cosa sobre lo que estáis desdeñando; yo he visto a gentes de lo más honrado casi aplastados… Se arroja, extiende el vuelo, se arremolina, envuelve, desgarra, arrastra, estalla y truena y se vuelve, gracias al cielo, un grito general, un crescendo público, un coro universal de odio y de exclusión. ¿Quién diablos se resistiría?”. Respuesta: los periodistas. Los de verdad.
No hay comentarios:
Publicar un comentario